Wednesday, July 12, 2017

L’Onu nie tout lien entre terrorisme islamique et religion.






Juil 11, 2017

Dans sa 35ème session tenue entre le 6 et le 23 juin 2017, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU s’est penché sur les événements survenus en Syrie au cours de l’année 2016. Le texte condamne fermement les violations des droits de l’homme telles les bombardements de populations civiles (au cours du second semestre de l’année 2016), les abus sur les femmes et les enfants, les attaques d’hôpitaux et d’écoles, et celles commises contre ceux qui apportent de l’aide humanitaire, l’utilisation des armes chimiques, le déplacement de populations, les massacres, les tortures dans les prisons…menées et couvertes par les autorités syriennes.

Y sont également rappelés les différentes résolutions concernant la Syrie adoptées depuis 2011, la condamnation des crimes et des crimes de guerre, l’appel à un cessez le feu et l’arrêt de toutes les violations des Droits de l’Homme, en vue de trouver une solution politique durable. Le point numéro 5 mérite toutefois une attention particulière : il s’agit de la condamnation des actes commis par Daesh, Al Nusra et les autres organisations désignés comme « terroristes » par le Conseil de sécurité.

Plus précisément, le 5ème point du texte indique :

« (Le conseil) condamne fermement les actes terroristes et la violence commise contre les civils par le soi-disant État islamique en Irak et au Levant, le front Al Nusra ou les autres organisations terroristes désignées par le conseil de sécurité, et la violation répétée, systématique, et généralisée, des abus des Droits de l’Homme et la violation du Droit international humanitaire. (Il est alors) réaffirmé que le terrorisme, incluant les actions du soi-disant État islamique en Irak et au levant, ne peut pas et ne doit pas être associé avec une religion une nationalité une civilisation et nuit à la mise en œuvre des mesures du Conseil de sécurité, résolution 2170 du 15 août 2014 ».

Ce qui pose problème, c’est la mention selon laquelle le Conseil des Droits de l’Homme réaffirme que « le terrorisme, incluant les actions du soi-disant Etat Islamique en Iraq et au Levant (Daesh) ne peut pas et ne doit pas être associé avec une religion, une nationalité ou une civilisation.. » (sic).

Cette position est pour le moins surprenante. En effet, l’Etat Islamique se présente lui-même comme une organisation d’inspiration salafiste, qui entend instaurer un califat sur les territoires qu’il contrôle depuis le 29 janvier 2014 (appelant notamment les autres mouvements jihadistes à lui prêter allégeance).

Or, l’idéologie de l’Etat Islamique repose sur la branche de l’Islam sunnite qui prône un retour aux pratiques religieuses de l’époque de Mahomet en rééduquant la communauté des croyants. Aussi, retirer tout lien entre l’Etat Islamique et la religion relève du déni de réalité.

De même, le Front al-Nosra (« Front de la conquête du Cham »), est également d’inspiration salafiste jihadiste (il est considéré comme terroriste par l’Onu depuis mai 2014). Il se différencie simplement de l’EI par son affiliation à Al-Qaïda. Une fois encore, son lien avec la religion est indéniable.

D’ailleurs, ce qui distingue Al Qaida de l’Etat Islamique relève précisément des modalités de mise en œuvre des préconisations envisagées par le Coran : pour le premier, le Jihad doit être mené contre les Etats-Unis, Israël et les pays occidentaux alors que pour le second, l’ennemi principal est l’Iran et les Chiites. Une fois encore, nier tout lien entre l’Etat Islamique ou de Al Nostras est absurde.

En réalité, non seulement l’idéologie de l’Etat Islamique ou du Front al-Nosra est d’inspiration religieuse mais en outre, elle n’est qu’une illustration de la guerre de religion que livrent les groupuscules jihadistes sunnites aux chiites.

Sur ce point, on peut noter une ressemblance troublante entre les conflits opposant sunnites et chiites, et ceux qui ont ensanglanté l’Europe aux XVI° siècle (entre catholiques et protestants). Les sunnites représentent 80 % de la population musulmane (comme les catholiques dans le monde chrétien) alors que les chiites, 20 %, c’est-à-dire, la même proportion que les protestants dans la religion chrétienne.

L’inconvénient pour le jihadisme islamique sunnite, c’est qu’il doit non seulement se débarrasser des chiites mais également des Gens du Livre, c’est-à-dire les juifs et les chrétiens (le programme est chargé).

Il n’appartient, bien évidement pas, à l’Onu se s’immiscer dans les querelles idéologiques du monde de l’Islam. Elle ne saurait pour autant nier les liens entre les organisations terroristes islamiques et la religion. Elle pourrait, en revanche, inviter les doctrinaires de l’Islam à en aménager les règles de sorte que la religion de Mahomet devienne compatible avec les autres systèmes de foi.

Autrement dit, il est urgent, pour le monde de l’Islam, qu’il entreprenne sa propre introspection, et qu’il fasse le tri entre les textes qui doivent se comprendre à l’aune des évènements qui ont marqué la vie de Mahomet, mais qui sont désormais inapplicables.

Ce travail est d’autant plus urgent que les mouvements salafistes se multiplient en Europe (Allemagne, Belgique, France, Suède…). Or, il s’agit de mouvements de type jihadistes, c’est-à-dire qu’ils appellent à la lutte armée pour imposer l’Islam des origines (tels Al Qaida ou l’Etat Islamique) et renverser le système occidental.

Bien évidemment, si une réforme de l’Islam doit intervenir, c’est de l’intérieur qu’elle arrivera. Le monde démocratique occidental (considéré comme impie par les jihadistes) ne saurait dicter au monde de l’Islam, les règles d’humanité qu’il convient de partager entre les différentes nations du monde.

Le monde découvrira alors qu’à l’instar du « matérialisme historique » de Karl Marx en vertu duquel se produira, à terme, une égalité entre le détenteur des moyens de production et le prolétaire (qui n’a que la force de ses bras pour subvenir à ses besoins), il existe une « dialectique spirituelle » conduisant les familles religieuses à se reconnaître entre elles… conformément à leur ordre d’arrivée.

En attendant ce moment, l’Onu ne saurait occulter la dimension religieuse des groupes terroristes islamiques en affirmant que leurs actes sont dénués de tout lien avec la religion.

C’est précisément l’un des enjeux du XXI° siècle.

Camus affirmait : « mal nommer les choses ajoute aux malheurs du monde ». Il invitait donc l’homme à qualifier correctement les situations pour éviter les problèmes. Pour autant, mal nommer les choses présente un caractère involontaire obligeant l’homme à une plus grande vigilance. Ce n’est pas le cas des mentions contenues dans le texte du Conseil des Droits de l’Homme de juin 2017.

La communauté internationale se doit de qualifier les situations telles qu’elles sont, (et dont elle a parfaitement conscience), d’autant que l’Onu comprend en son sein de très éminents juristes. Le refus d’admettre le lien entre terrorisme et religion ferait courir de graves dangers à l’humanité.



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